Page 23 - Challenge N°828 • Du 18 au 24 mars 2022
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           actualisée des contribua-
           bles «pris la main dans le          Fraude Fiscale et taux d’autosuFFisance
           sac» et ayant fait l’objet          Fiscale
           d’une  condamnation
           pénale définitive. «Name                 es recettes fiscales constituent la première source de financement du
                                                    Budget général (BG) de l’Etat et des Collectivités territoriales (CT). Dans
           and shame» ! Malgré                 Lla LF-2022, le montant total prévu des recettes fiscales est de 230,66
           cela, les fraudeurs du fisc         MMDH, soit 90,47 % du total des recettes ordinaires du BG. Mais les recettes
           continuent à profiter des           fiscales totales prévues ne représentent que 55,06% des dépenses ordinaires
                                               du BG + dépenses d’investissement du BG + Amortissement de la dette (418,92
           faiblesses structurelles            MMDH). D’où le recours permanent aux emprunts à moyen long terme pour
           du système fiscal. C’est            pouvoir équilibrer les finances de l’Etat. La situation actuelle devient encore
           surtout le cas en matière           pire avec les chantiers stratégiques entamés, notamment la généralisation de
                                               la protection sociale, la sécheresse et la hausse vertigineuse des prix des ma-
           de TVA où les «sociétés             tières premières achetés sur le marché international. La fraude fiscale serait
           fantômes » voient le jour           annuellement à l’origine d’une perte estimée au moins à 5% du PIB.
           et disparaissent subite-
           ment dans la nature, après          les sanctions pénales prévues par le cGi
           quelques années. D’après            (article 192)
           Khalad Zazou, ancien                      e Code général des impôts (CGI) prévoit une amende de 5.000 à
           chef de brigade des véri-                 50.000 DH à l’encontre de toute personne qui, en vue de se sous-
           fications fiscales, actuel-         Ltraire à sa qualité de contribuable ou au paiement de l’impôt ou
           lement Directeur général            encore d’obtenir des déductions ou remboursements indus, utilise les
                                               moyens suivants :
           des impôts par intérim,             - délivrance ou production de factures fictives ;
           «l’absence de gendarme»             - production d’écritures comptables fausses ou fictives ;
           en matière d’émission de            - vente sans facture de manière répétitive ;
           «factures fictives, devrait         - soustraction ou destruction de pièces comptables légalement exigibles ;
                                               - dissimulation de tout ou partie de l’actif de la société ou augmentation
           prendre fin avec l’adop-            frauduleuse de son passif en vue d’organiser son insolvabilité.
           tion prochaine et l’appli-          En cas de récidive, avant l’expiration d’un délai de 5 ans qui suit un ju-
           cation effective d’un décret        gement définitif de condamnation à ladite amende de 5 000 à 50 000 DH
           prévoyant la mise en œuvre          (…), la personne incriminée est punie, en plus de l’amende, à une peine
           des sanctions pénales,              d’emprisonnement de 1 à 3 mois. C’est là une disposition dont l’application
                                               ferme et effective devrait «mixer socialement» un peu l’espace carcéral.
           pour émission de « factures         Néanmoins, l’application effective de ces sanctions pénales impose le pas-
           fictives », en ciblant aussi        sage obligatoire par une commission des infractions fiscales qui n’a jamais
           bien l’auteur que ses               vu le jour. La LF-2021 a, cependant, assoupli cette procédure dans le cas
           complices. La perte inhé-           des «factures fictives». En effet, le fisc, dans le cas des «factures fictives»,
                                               peut s’adresser directement au parquet pour demander des poursuites
           rente à cette pratique              pénales, sans passer par ladite commission.
           frauduleuse a été estimée
           en dizaines de milliards
           de dirhams, au moment                       étant ainsi contraint à  réduisant par conséquent
           où l’Etat ne dispose guère                  recourir aux emprunts  sa marge de manœuvre
           de ressources budgétaires                   internes et externes, s’en- budgétaire, pour les
           propres et suffisantes,                     fonçant dans la dette, et  années à venir.n



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