Page 14 - Challenge N°744. Du 22 au 28 mai 2020
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14         L’INTERVIEW








            Le plan de relance de l’économie nationale, mise à mal par la pandémie du Coronavirus, se poursuit.
            Quels secteurs privilégier, quelles mesures fortes prendre ? L’enjeu est de taille. Cependant, quelle
            place accorder également à l’écosystème des startups dans cette relance? Kenza Lahlou, Cofondatrice
            et Managing Partner du fonds d’investissement Outlierz Ventures, répond à cette question.

            PrOPOs reCueiLLis Par  ROLAND AMOUSSOU
            «Les grands groupes devraient voir la


            nécessité de se transformer digitalement


            en devenant les clients des startups»





            Challenge : Depuis le déclenche-  la nature agile des startups tech-
            ment de la pandémie, plusieurs  nologiques, un certain nombre
            startups ont innové en mettant  d’entres elles a réussi à s’adapter
            à disposition, notamment du  et proposer de nouveaux produits
            corps médical, des appareils et  et services qui répondent au besoin
            autres. Quel regard portez-vous   actuel.  Il s’agit d’une opportunité
            sur l’écosystème des startups  unique de pousser la digitalisa-
            au Maroc dans la lutte contre  tion de l’économie marocaine pour
            la Covid-19?                  répondre aux nouveaux besoins
            Kenza Lahlou : La Covid-19 et   et modes de vie, en ligne avec la
            la crise sanitaire ayant engendré   stratégie du Royaume de concevoir
            le ralentissement, voire l’arrêt de   un nouveau modèle de développe-
            certains secteurs de l’économie, a,   ment. Le digital devrait sans aucun
            sans aucun doute, été un accéléra-  doute avoir une place primordiale
            teur de la digitalisation au Maroc   dans celui-ci.
            et en Afrique. Plusieurs startups
            et entreprises technologiques qui   Challenge  :  Dans  le  même
            proposent des services digitaux ont   temps, la crise sanitaire a davan-
            vu leur nombre de clients croître   tage exacerbé la vulnérabilité
            de manière inattendue durant cette   des startups tant au Maroc,
            crise, notamment les startups dans   qu’en Afrique subsaharienne.
            le domaine du e-commerce, de   Qu’en est-il des startups qui              qui utilisent la technologie pour
            la logistique et de la santé. Cela   sont dans le giron de Outlierz       transformer les principaux secteurs
            concerne les services de livraison   Venture Capital?                     traditionnels en Afrique et répondre
            à domicile de produits de grande   Notre  portefeuille  d’investisse-     à un besoin essentiel.
            consommation et autres produits   ment compte aujourd’hui un total        C’est pour cette raison que la majo-
            alimentaires, ainsi que l’appari-  de 8 répartis sur nos 4 marchés        rité des entreprises de notre porte-
            tion de nouveaux services de santé   africains  prioritaires  (Maroc,     feuille ont vu leur activité continuer,
            avec la télémédecine lancés par des   Egypte, Nigeria et Kenya). Nos      voire positivement impactées par la
            startups marocaines bien instal-  deux derniers investissements ont       situation de crise à travers le conti-
            lées dans la healthtech comme   d’ailleurs été réalisés pendant cette     nent Africain. Par exemple, MaxAB
            Dabadoc.                      période de confinement dans des             en Egypte, et Sokowatch en Afrique
            D’autres  startups  souffrent  de   startups en fintech et en healthtech   de l’Est (Kenya, Ouganda, Tanzanie
            cette crise et voient leur activité   (santé digitale) au Nigeria et au   et Rwanda), sont deux sociétés de
            ralentie ou complètement arrêtée   Cameroun, deux secteurs qui ont        notre portefeuille qui réinventent la
            durant cette période de confine-  été accélérés par la crise. Notre       chaine de valeur de la distribution
            ment, notamment celles qui sont   thèse d’investissement a toujours       des produits de grande consomma-
            dans les secteurs d’activités les plus   été centrée sur l’investissement   tion (FMCG) aux épiciers, en utili-
            touchés. Heureusement, de par   dans des entreprises innovantes           sant la technologie et les données.


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